Au début du XIXe siècle, la route de La Caunette n’est encore qu’un chemin bordé de terres labourables et de jardins. La famille Calvet y établit son exploitation viticole dans la seconde moitié du siècle, période de prospérité exceptionnelle pour le Languedoc grâce à l’expansion de son vignoble. Sur la photo, un chai est reconnaissable à droite à sa grande porte charretière encadrée par deux petites ouvertures rectangulaires.
Le pigeonnier d’Aigne date de la fin du XVIe siècle, comme l’indique la date de 1599 gravée sur le linteau de la porte. L’élevage de pigeons était une source de richesse importante, car il fournissait à son propriétaire non seulement de la viande mais aussi de la colombine, un engrais très prisé. Il était aussi à l’origine de dégradations importantes, c’est pourquoi les pigeonniers étaient construits un peu à l’écart des habitations. Le clocher, au second plan, est encore coiffé de son toit conique et d’un crénelage lui donnant un aspect défensif, aujourd’hui disparus.
L’école communale est construite entre 1886 et 1888. On observe encore sur la photo l’inscription « ECOLE DES GARCONS », qui rappelle que l’édifice était à l’origine divisé en deux parties indépendantes : garçons à droite, filles à gauche. Chacune disposait d'une entrée, d'une salle de classe au rez-de-chaussée, d'un logement de fonction à l'étage, d'une cour, d'un préau et bien-sûr de latrines indépendants.
Sur la place du village, quelques jeunes gens posent avec leur instrument de musique autour du garde champêtre, coiffé de sa casquette et muni de son tambour. S’agit-il des membres de la Société orphéonique l’Union d’Aigne, active au début du 20e siècle ? Ces sociétés chorales, autant appréciées pour leur musique que pour leur sens de la fête, connaissent un grand succès avant de tomber en désuétude dans l’entre-deux-guerres.
La scène prend place autour du puits communal avec son auge, construit en 1871 pour pallier au tarissement de la fontaine publique pendant les mois de sécheresse. Compte-tenu des finances restreintes de la commune, cinquante hommes du village s’engagent à donner de leur temps ou à prêter leur charrette avec attelage pour mener à bien le projet. Au-sommet du puits veille Marianne, incarnation de la République généreuse et bienfaitrice. Le monument républicain est démonté en 2007 lors des travaux d’aménagement de la place. L’auge a été réutilisée pour la création d’une fontaine, au même emplacement, ornée d’une sculpture de l’artiste Aignois Pascal Cossin.
Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, le centre du village se déplace progressivement du cœur de « l’Escargot » à « La Place », située au bord de la route reliant Aigues-Vives à Beaufort. Lieu de vie, de passage et de rencontres, elle a longtemps été l’unique lieu d’approvisionnement en eau pour les habitants. La fontaine publique et son abreuvoir, à gauche de l’image, offraient aux hommes et aux bêtes une eau de source canalisée depuis le lieu-dit La Fondelon en 1833.
Le monument aux morts a été érigé en face de l’école en 1920. Il a été réalisé par la société Gaudier-Rembaux, entreprise de marbrerie et de monuments funèbres située à Aulnoye, dans le Nord. Le décor choisi (casque, couronne de laurier) ainsi que l’inscription « La commune d’Aigne à ses héros de la Grande Guerre » souligne le caractère héroïque des dix-huit soldats disparus.
La vue est prise depuis la colline au sud du village. Elle permet d’apprécier le plateau planté de vignes et d’oliviers, morcelé par des murets en pierres sèches. La silhouette de « l’escargot » se distingue au second plan, avec son front continu de maisons formant l’enceinte circulaire.
Le chemin de grande communication reliant Aigues-Vives à Beaufort devient au XIXe siècle la rue principale du village. Dans les années 1880, la commune choisit d’y établir à la fois l’école et la mairie. Cette dernière est installée dans une ancienne maison, dont la façade est reconstruite tant pour s’adapter à sa nouvelle fonction que pour permettre l’alignement de la rue, élargie pour faciliter le passage des charrettes. En 1903, l’ajout d’un fronton pour accueillir l'horloge lui donne sa silhouette actuelle. La mairie a déménagé en 2020 sur la place du village.
Le territoire du Pays est riche en ressources patrimoniales, qu’il s’agisse de paysages, de sites et d’édifices remarquables, d’architecture traditionnelle ou de patrimoine vernaculaire. Néanmoins ce patrimoine est diffus, souvent méconnu du grand public, parfois menacé d’abandon ou de dénaturations par les effets de l’exode rural, de l’urbanisation, d’aménagements mal maîtrisés…
Le label permet de conforter la politique patrimoniale du pays en s’appuyant sur la (re)découverte de nos patrimoines avec, en corollaire, la sensibilisation des populations. L’appropriation par les publics, et notamment le jeune public, favorisera la transmission de la ressource patrimoniale aux générations futures.
Le label permet d’identifier les enjeux patrimoniaux de notre territoire encore préservé : sauvegarder les patrimoines sensibles, valoriser les sites remarquables, développer une architecture contemporaine de qualité, favoriser la maîtrise de l’urbanisme et le maintien de l’architecture traditionnelle. Le territoire a déjà constitué une offre patrimoniale, un réseau de sites qu’il convient de compléter et de mettre en scène afin de promouvoir l’identité culturelle du territoire. Il s’agit de valoriser le patrimoine, de le rendre vivant, de le faire parler.
Le label Pays d'Art et d'Histoire (PAH) est une véritable opportunité pour le territoire rural du Pays. La mise en place d’une politique forte de sensibilisation, de médiation est une priorité du projet. Car l’appropriation du territoire, de ses richesses et de son identité, par ses habitants favorise l’ouverture culturelle et participe à la cohésion sociale.
Le label est porteur d’une identité territoriale commune fondée sur l’appropriation, garante de la transmission, et l’adhésion des habitants à une réflexion et à un récit partagé.